Au cœur des convoitises géopolitiques sous-régionales, le Sahara occidental fait partie des conflits de basse intensité qui perdurent sur le continent depuis près de 50 ans. Ancien territoire sous domination espagnole, cette région désertique est au cœur d’un conflit entre plusieurs belligérants : le royaume du Maroc et le front Polisario (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro), soutenu par l’Algérie et la Mauritanie.
Depuis la grande marche verte initiée par Hassan 2 en novembre 1975, le conflit a connu plusieurs temps forts, avec notamment la proclamation de la RASD (République arabe sahraouie démocratique).
De cette région méconnue de laquelle ne filtrent que très peu d’images, RFI raconte l’histoire d’un conflit, des revendications, des acteurs passés comme actuels, l’état d’une situation fluctuante ainsi que l’implication plus ou moins directe de puissances occidentales et d’institutions africaines.
Avec l’historien Emmanuel Alcaraz, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Nord.
Elgas : *Je vous propose ici de faire le portrait de ce territoire, d'abord pour commencer de sa géographie, de son histoire coloniale. Qu'est-ce que le Sahara occidental ? Est-ce que d'ailleurs cette terminologie est juste? *
Emmanuel Alcaraz : Moi, je dirais qu'on peut l'appeler le pays des Blancs. En fait, c'est un no man's land entre le Maroc et l'Adrar, qui est une région de la Mauritanie. Ça a toujours été dans l'histoire. Avant la colonisation espagnole, c'était un espace tampon qui était un refuge pour des tribus guerrières. La ville de Smara était un peu la capitale religieuse où il y avait un saint marabout qui s'appelait Ma el Aïnin, qui prêchait le djihad contre tous les impérialismes européens.