Le 4 octobre 2011, un avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Windhoek en Namibie. Des centaines de personnes sont venues accueillir ce vol spécial. Il transporte 20 crânes, des restes de femmes et d’hommes massacrés par les troupes coloniales allemandes entre 1904 et 1908.
L’extermination par le « Deuxième Reich » de ces 60 000 Herero et 10 000 Nama est considérée par les historiens comme le premier génocide du XXème siècle. Afrique, mémoires d’un continent propose de revenir sur ce crime oublié de l’histoire coloniale africaine.
Merci à notre invité **Joël Kotek, **historien et professeur à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique.
Kpénahi Traoré : Joël Kotek, expliquez-nous qui sont les Herero et les Nama ?
Joël Kotek : À l'époque, en 1904, ce sont les deux peuples majoritaires, les deux tribus majoritaires de ce qui est aujourd'hui la Namibie, dans le Sud-Ouest africain, qui était alors une colonie allemande. Ils représentaient à peu près 40% de la population totale. Tout l'enjeu de la colonisation allemande, c'était de convoiter des terres, de libérer de l'espace vital pour pouvoir y amener des colons allemands, comme l'avaient fait notamment les Britanniques dans leurs colonies, que ce soit en Afrique du Sud ou que ce soit en Australie et en Nouvelle-Zélande.