Avant de refermer l'année 2024, hommage à l'un des grands écrivains, disparu en novembre dernier. Breyten Breteynbach auteur sud-africain, peintre également, décédé à l'âge de 85 ans en France. Militant anti-apartheid, emprisonné pendant sept ans, il était devenu l'une des voix les plus importantes de la littérature mondiale avec la publication d'une vingtaine de titres, fiction, essai, poésie, en anglais ou en afrikaans, sa langue maternelle. Florilège de deux rencontres avec Breyten Breytenbach.
Avec Cœur-Chien, Breyten Breytenbach revient sur les lieux de sa naissance et de son enfance : Bonnievale, Wellington… Dans la région afrikaner proche de la ville du Cap, la première Afrique du Sud blanche, celle qui commence en 1652 et se constitue tout au long du XVIIIe siècle, avant l’arrivée des Anglais. Ce dernier voyage de Breyten Breytenbach est une recherche de son enfance et de ses ancêtres, un retour vers le cœur le plus intime de l’écrivain... « Pourquoi après tant d’années est-ce que je ressens la nécessité d’aller à la recherche de l’autre, de l’enfant que j’ai dû être ? ». Sans doute pour combler le vide créé par «* l’absence *», l’absence du pays en soi et l’absence de soi dans le pays, à cause de l’exil, de la prison, des déchirements. À cause de l’apartheid.
Cœur-Chien est le livre de la réconciliation d’un homme avec son pays, son peuple, sa langue. Une réconciliation avec lui-même. Après tant d’allers et retours, l’histoire d’amour peut renouer le fil brisé des rêves : « *De même qu’on ne peut survivre sans rêves, on ne peut avancer sans le souvenir du lieu d’où l’on vient, même si ce voyage est fictif. Ce que nous appelons identité, n’est-ce pas cette situation faite de bouts et de morceaux qui sont les souvenirs des rencontres, de situation et d’événements précédents, de souvenirs accrochés aux branches ? *»
Cœur-Chien marque en quelque sorte la fin d’un cycle commencé au début des années 1960, fait de voyages et de retrouvailles impossibles, une longue histoire de haine et d’amour. Sans doute le livre le plus tendre et le plus intime de Breyten Breytenbach. « *Écrire, c’est rendre visible la mémoire. *» C’est aussi la revivifier pour retrouver la paix.
(Extrait de la préface du traducteur Jean Guiloineau aux éditions Actes Sud))
Traduit de l’afrikaans par Georges-Marie Lory.
La femme dans le soleil, itinéraire poétique d’un homme que l’histoire a changé en oiseau migrateur. Tout y est : sa survie sous le régime d’apartheid, son goût des terres fauves, la vitalité charnelle de l’amour, l’état d’insurrection dans lequel le laisse l’injustice. Sans oublier ces lieux qu’il arpente avec une énergie créatrice : l’île de Gorée, où fait souvent escale sa voile blanche, Paris sa ville de cœur, l’Eastern Cap que le couchant transforme en « *coulée d’or *». Si les frontières lui sont étrangères, c’est que l’exilé est aussi un « oiseau constructeur » qui sait tenir le cap de l’espérance. Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, le poète tend vers l’horizon un rêve immense de liberté. (Présentation des éditions Bruno Doucey))
Extrait :
« Très-aimée, je t’envoie une tourterelle vermeille
car personne ne tire sur un messager rouge
Je lance haut dans l’air ma tourterelle vermeille je sais
*que tous les chasseurs la prendront pour le soleil *»